COMPTE-RENDU DE CONFÉRENCE ASSEMBLÉE PLÉNIÈRE DES 9 COMMISSIONS DE QUARTIER DE DIJON

HÔTEL DE VILLE DE DIJON,
le mercredi 30 septembre 2015 à 19h

Conférence menée par LOÏC BLONDIAUX, sociologue et professeur de sciences politiques à Paris I, spécialisé dans la question de la démocratie participative.

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Déclin massif des formes de participation conventionnelle.

Déclin massif des formes de participation conventionnelle.La participation citoyenne est inégale dans nos sociétés. Elle varie en fonction de logiques d’âge et sociales (plus on est intégré, éduqué, plus on a de chances de participer). On peut appeler ce phénomène l’autocensure ; cela signifie qu’on ne participe pas car on ne se sent pas légitime. Prenons l’exemple du deuxième tour des dernières élections présidentielles : 15 % d’abstention + 7 % de non-inscrits, ce qui fait 22 % (soit ⅕) qui ne s’intéressent pas à la vie politique.

Les formes les plus classiques de participation sont désertes (vote, déclin du militantisme qui ne représente que 1% de la population française. En effet l’image sociale du militantisme est autant atteinte que l’image du politique).

Quelles en sont les raisons ?

– Déclin de la norme civique (le fait d’aller voter n’est plus prôné comme impératif, n’est plus sacralisé).

– Affaiblissement des structures d’éducation qui incitaient les gens à aller voter (le travail est de plus en plus individualisé, il y a de moins en moins de conscience politique).

– Le système capitaliste a transformé les citoyens en consommateurs de produits mais aussi de politique (il les a placés à distance de la politique ; une logique de l’intérêt, de la marchandisation y compris de l’opinion s’est étendue).

Il existe trois types d’attitude du citoyen face au pouvoir politique :

– La défiance généralisée à l’égard de la politique : on assiste à un succès de la théorie du complot (tout le monde nous ment). Les effets positifs de cette défiance résident dans le fait que les citoyens ne se soumettent plus, revendiquent le droit d’être entendus, incitent à ne plus se laisser embrigader par la politique, par une parole venue d’en haut. Il s’agit d’une révolution silencieuse : les citoyens revendiquent plus d’autonomie. Mais elle comporte aussi des effets négatifs : perte de confiance généralisée vis-à-vis des personnalités politiques mais aussi des autres citoyens (les autres profitent et moi pas), renfermement, défiance préalable à l’apathie (si tout le monde ment, pourquoi s’engager, qui suivre ?).

– La contestation, l’expression critique : les gens sont de plus en plus partisans de la suppression des partis politiques. Il y a une critique radicale de la logique du système par une partie de la population : haine de la représentation. Le mouvement des indignés en Espagne, affirme qu’on peut se passer de la représentation, il faut imaginer des logiques de politique horizontale.

– L’indifférence : il s’agit de l’attitude la plus problématique. Elle est naît d’un sentiment de distance (les politiques, les élites sont dans leur monde, nous n’y avons plus accès, sentiment d’abandon). Quelque soit celui pour qui un vote, ça ne change rien (ex : Traité Constitutionnel Européen en 2005, Syriza en 2015). La politique ne sert plus à rien, ce sont toujours les mêmes qui gagnent. La tentation est de se replier sur la sphère privée.

Nous sommes face à une situation commune à l’ensemble des pays européens mais elle semble hypertrophiée en France.

Mais il y a des signes qui montrent qu’il est possible de remobiliser les citoyens.

– Rassemblement national du 11 janvier 2015. – Il y a encore un intérêt pour la politique selon les sondages.

– Le second tour des élections présidentielles remobilisent les citoyens.

– Il existe des mobilisations locales pour améliorer le cadre de vie des habitants et des prises de conscience dans l’action.La solution aux problèmes réside dans la mobilisation citoyenne.